Black Mirror, entre fiction et réalité

Publié le : 07 septembre 20215 mins de lecture

Omniprésence des écrans dans nos vies, aliénation de l’humain par les nouvelles technologies … Ce sont les ressorts de Black Mirror, série située dans un futur proche. Dépeignant une société contre-utopique très réaliste et effrayante, la série ne cache pas son ambition. Dénoncer les «miroirs noirs» présent dans nos poches, accrochés sur nos murs, et bientôt intégrés dans nos chairs.

Une étude a estimé que nous regardons nos téléphones en moyenne 150 fois par jour. C’est peut-être là que la série (que nous regardons d’ailleurs sur un … écran !) trouve sa force : dans sa capacité à nous alerter sur ce qui est déjà présent, qui l’est de plus en plus, et qui, à l’avenir, si nous ne décidons pas d’y mettre un frein, règnera sur nos vies. Le message est clair, la démarche efficace.

Une série «anthologique»

C’est assez rare pour le souligner, les épisodes n’ont pas de liens chronologiques, de personnages communs entre eux. Ce qui les unit c’est cette même dépendance à tout ce qui a un écran. La diversité des situations permet d’avoir une vue d’ensemble fouillée et large des potentielles, voire même déjà présentes, dérives dûes aux écrans. La première saison, par exemple, commence avec un épisode concernant le premier ministre britannique. Un inconnu le fait chanter en direct à la TV, lui enjoignant de se présenter sur tous les médias en train de s’accoupler avec un porc, sans quoi la future reine d’Angleterre, adulée par les citoyens, sera mise à mort. Un pitch un peu tiré par les cheveux ? Peut-être, mais l’essentiel n’est pas là. En effet, cet épisode alerte sur la pression sociale et sur l’influence des médias sur la société. Cet épisode prend aux tripes, et la qualité des acteurs n’y est pas pour rien. Pour ne pas dévoiler tous les scenarii de Black Mirror, inutile d’en faire une liste exhaustive. Mais toujours est-il que cette série est marquante. Malgré le format court de chaque épisode (entre 45 minutes et une heure), beaucoup de possibles sont abordés.

Un héritage assumé et réactualisé d’Orwell.

Avec un tel point de départ, l’influence de Georges Orwell, Aldous Huxley ou encore Ray Bradbury est évidente. Et Charlie Brooker, le créateur de Black Mirror ne s’en cache pas. L’omniprésence des écrans, la surveillance généralisée qu’ils induisent, font tout de suite penser à ces écrivains visionnaires. De même, le carctère révolutionnaire d’une bonne part des personnages centraux de chaque épisode fait penser à la figure de Winston, dans 1984. Néanmoins, et c’est logique, la série actualise les thèses de ces écrivains, elle leur donne une résonnance plus moderne, plus contemporaine et moins utopique, qu’eux, rapport au moment de l’écriture. On y retrouve des références aux shows musicaux, tels que The Voice, à l’industie pornographique, aux nouvelles technologies qui permettent d’avoir des écrans directement sur le corps, telles les Google Glasses, ou les montres-téléphones … Cet ancrage dans notre quotidien donne une très grande force au message porté par Black Mirror.

Entre déjà-là et futur contre-utopique

Ancrée dans un futur (trop ?) proche, l’objectif de la série est bel et bien d’éviter que celui arrive. Mais n’est-il pas déjà là ? Charlie Brooker est bien conscient de cela. A cet égard, il souhaite sensibiliser le spectateur en utilisant les «armes de l’ennemi» contre lui, c’est-à-dire en utilisant les écrans, pour les dénoncer. Et force est de reconnaître que la tâche est plutôt bien accomplie avec Black Mirror.

Parfois émouvante, souvent révulsante la série ne laisse, dans tous les cas pas indifférent.

Black Mirror est une série fictionnelle, mais Charlie Brooker n’a pas fait que cela. Dans une série moins « fictive », il se met lui-même en scène. Il s’agit de How TV ruined your life (Comment la TV a ruiné votre vie). Voici un épisode, particulièrement marquant, parfois déjanté, mais qui donne le ton de l’oeuvre de Charlie Brooker. Notons que Black Mirror, si elle est fondamentalement liée à How TV ruined your life, est moins ironique et plus sérieuse.

C.B.

http://www.gentside.com/insolite/tous-accros-au-telephone-portable-nous-le-consultons-en-moyenne-150-fois-par-jour_art48289.html

Location de vacances à Chaillol : les avantages par rapport à l’hôtel
Le cirque d’hiver Bouglione : un héritage vivant de la tradition circassienne

Plan du site